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Discrets Phénomènes2010-2023 ⇀ images . exposition . publication





Discrets Phénomènes
Exposition à la Médiathèque Municipale de Guebwiller (FR), 2014.
     « À vrai dire j'avancerai une hypothèse : personne ne sait comment
     il voit telle ou telle chose. Compte tenu que depuis un certain temps
     déjà,   je ne suis personne,  devant l'endroit où est posé mon regard
     se déroulent des images du prétendu futur. »

     Svetislav Basara, Phénomènes


     « I'm shapeshifting from place to place bending time curving space. »

     Der Zyklus, Formenwandler


Contrairement à l'immense majorité des photographes, Jordane Prestrot ne nous convie pas à un voyage. Son travail n'est ni le témoignage d'un déplacement ni celui d'un mouvement touristique ; idéalement, il devrait s'affranchir de cet encombrant, et dit-on, archaïque, appareil photographique afin d'imprimer directement dans nos consciences ce nous nommerons des « images mentales ». J'en veux pour preuve ce recours à la forme minimaliste conjugué à un usage quasi systématique aux formes pures et à l'harmonie sacrée. Dans ses compositions se combinent le cercle, le carré et le triangle dans le cadre photographique rectangulaire comme une projection géographique du monde réduite à sa portion congrue de flux vibratoires (« Lune », « Soleil », « Triangle »). Pour le dire en langage clair, ce que propose J. Prestrot est un support à la méditation, à la concentration et à la contemplation (vous pouvez y ajouter contrôle des sphincters ou traitement contre l'impuissance).

Carl Gustav Jung, voyait dans l'usage occidental du mandala, la confrontation entre la philosophie orientale et les processus mentaux européens. C'est le revers sombre de la médaille : dans « Parlement européen », la psyché est bloquée par une barrière et une herse de portes-drapeaux semble prête à pratiquer le supplice du pal. Message à peu prêt similaire dans « La Frontière Franco-Allemande » et la noyade comme alternative. « Je ne suis pas fou » fonctionne comme une projection inversée des pièces harmonieuses de la sélection : le triangle renversé et la composition angoissée à la Escher. Mais il s'agit des deux faces d'une même pièce cohérente, chaque partie se complétant l'une et l'autre selon le principe de la compensation (Yin Yang, Pif et Hercule, Elie et Dieudonné). N'y voyez donc aucune tentative de moralisation ou de catéchisme social, le but de la manœuvre n'étant autre que l'ingestion de l'univers.

Fabrice Fassnacht
Chacun, selon sa sensibilité, son vécu, voire l'humeur du moment, sera touché par ce regard particulier qui a su saisir aussi bien la géométrie naturelle cachée dans le paysage ou l'architecture que les astres, les symboles religieux ou les situations décalées. Il y a quelques pépites comme ce « Je ne suis pas fou » clamé sur un mur ou ces herses de drapeaux et ce mur qui enferment le parlement européen. Ces images réveillent des sentiments intenses, parfois cachés au fond de nous-même. « On peut réenchanter le monde », assure l'artiste.


Élise Guilloteau dans L'Alsace du 9 février 2014.
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Intitulée « Discrets phénomènes », une seconde exposition [à la médiathèque de Guebwiller] des travaux de Jordane Prestrot a été inaugurée jeudi soir d'une manière originale. Pas de grands discours, mais une performance tri-médiatique. [...]

Le duo Caput Lava, Jordane Prestrot et Fabrice Fassnacht, a projeté un montage de « 30 minutes et 47 secondes » d'images tirées de films-cultes (Theodor Dreyer, Pasolini...), des extraits de films de propagande, d'archives de guerre, de personnalités d'aujourd'hui politiques, sportives... Une série d'images bouleversantes, choquantes, aiguisant le ressenti du laid, du mal, dans une cosmographie perçue dans sa pure inéluctabilité.

Un montage sonore électroacoustique s'appuyant sur l'Eurosignal, (« Un ancien système européen de radio-messagerie en service entre 1974 et 1997 » a précisé Fabrice Fassnacht), enrichi de mélopées incantatoires, bruitages, comptines, s'est imposé avec tact pour endiguer la déferlante visuelle, finalement apaisée par les images de Google Earth du survol en satellite de Guebwiller.


ZIZ dans L'Alsace du 18 février 2014.
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BKN Magazine

Volume 01 - 2015
ISSN: 2396-7579
64 pages
21 x 29,7 cm

£ 6.00

Épuisé