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DÉPLOMBER SATURNE Journal hybride | 500 pages | 2025 « Je n’ai jamais été l’enfant le plus cool, ni à l’école primaire, ni au collège, ni au lycée. En revanche, j’ai toujours été l’enfant le plus cool de tous les enfants rejetés de la cour de récré. Roi des marginaux, des boiteux, des binoclards, des gros, des ringards, des gentils, des boutonneux, des mal sapés, des solitaires, des bizarres, de ceux qu’on avait réussi à convaincre qu’ils étaient idiots alors qu’en fait non... Je crois que je n’ai jamais accepté de me courber (ne serait-ce qu’infimement) dans l’espoir de devenir populaire. Je crois que j’ai toujours été sûr de mes goûts et de mes valeurs. Je crois que j’ai très vite compris que la normalité était un cirque et que les gens prétendus normaux en étaient les plus gros monstres. Je me suis dit qu’être vraiment populaire impliquait impérativement de mépriser les plus faibles et les divergents. Il m’était intolérable d’être populaire de cette façon. Il devait bien exister une autre forme de royauté, plus juste, plus aimante et plus poétique. À la marge de la société, donc. Plutôt être le roi des gueux et des pestiférés que (si tant est que j’en eusse la réelle capacité) le monstre-roi des monstres normaux. » 70 textes, écrits entre 2021 et 2023. |
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LA DÉFERLANTE Poème en prose | 98 pages | 2023 « Nulle place ici pour la paranoïa. (Possibilité en revanche, de rencontrer quelques hapax.) L’hypostase est double. Le Deux précède le Un. Toutes les symétries du corps le confirment. Tout naît d’une relation préalable. Ovule et spermatozoïde à tous les étages, des pieds à la tête, de gauche à droite. Toutes les pensées, les personnalités, les décisions sont le fruit d’une fécondation. À Teguise, deux félidés balisent l'entrée de la place de l'église. Tous les deux sont des mâles, celui de gauche ouvre la gueule, celui de droite la garde fermée et sourit. Tout ceci, vous vous en doutiez, nous ramène à l'androgyne primordial. « Campanule à fromage, oui ! » Nous voici présentement à un point de jonction, au trait d'union entre les fauconniers de Roland-Garros et les faux cons du Pentagone. De ma nappe, tribulations et cerfs-volants, je palpe la texture râpeuse tandis que les UV du soir percutent mon mélanocyte — et qu'erratiquement s'élèvent mes fumées bistre. Le match est perdu d'avance et pourtant il y a du monde aux Balkans. Questions de teintes de crépi et de chardons. J'observe mes téguments, révise mes arguments, abandonne mes condoléances, je suis tout à l'heure de la vasodilatation. Le mythe du Minotaure nous poursuit, avec ses énigmes, ses inversions, et pour seul fil d'Ariane : la chaîne du signifiant. » |
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PHÉNIX NIÇOIS Roman érotique | 270 pages | 2022 « Il avait appris que Nice avait subi de fréquents changements de souveraineté, passant tantôt dans le Saint-Empire, tantôt sous contrôle provençal, piémontais ou savoyard, tantôt intégrant la République de Gênes, tantôt étant une république maritime autonome... L'histoire d'une ville, c'était comme l'histoire d'un homme, en format géant : des choix, des conflits, des transformations, des soumissions temporaires, des soumissions stratégiques, des soumissions plus longues, des soumissions subites, des réussites aussi, des monuments pour en témoigner, d'autres pour guérir des blessures... C'est drôle, se dit Nicolas. Finalement, quand on y pense, la moitié de ces monuments qu'on admire et devant lesquels les touristes se photographient, ce ne sont ni plus ni moins que des cicatrices : ce qui reste après le drame, lorsqu'on a su rebondir. De nombreux coins de la vieille-ville, on pouvait apercevoir la colline du château. Hier, des soldats s'y tenaient pour protéger Nice et surveiller l'arrivée de navires ennemis. Aujourd'hui, on y montait pour admirer la baie des Anges. On ne se refait pas, avait-il dit à Malika, à propos de lui. Et pourtant, il voyait partout des contre-témoignages, comme cette ancienne place fortifiée devenue un point d'attraction à admirer, trônant au milieu d'un beau parc... » |
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FAIRE
AVOUER MERCURE Journal hybride | 215 pages | 2021 « Il aura fallu une météorite — et peut-être beaucoup d’autres choses — pour que les dinosaures cèdent la place au petit rat d’où tout redémarrerait. Ce petit rat, notre ancêtre à tous, nous mammifères, nous les chiens, les vaches, nous Caillebotte, nous Van Gogh, nous Bowie. La nature a horreur du vide. Elle nous inventa pour ça. Nous n’existons que pour combler un manque. Nous sommes ses enfants de remplacement. Au Museum für Naturkunde, j’observai les colonnes vertébrales. La manière dont elles s’élèvent en se contorsionnant. Le cerveau du brachiosaure était d’une taille ridicule comparée au reste du corps. Tous ces efforts pour répondre à l’appel des hauteurs, ponctués par la stupidité. Ces animaux étaient sans doute heureux. Ils traversaient le monde, invincibles ; ils dévastaient des forêts entières, juste pour se nourrir. L’être humain, c’est tout l’inverse. Un petit corps frêle surmonté d’une grosse tête. » 23 textes, écrits entre 2018 et 2020. |
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UN PIANO
EN ESPAGNE Roman érotique | 240 pages | 2021 « Sa relation la plus longue à lui, avait duré à peine un an. C’était avec une fille de Lyon, une fille de bonne famille, riche et catholique, une blonde. Elle était heureusement loin d’être dévote. Elle s'appelait Margaux. Son truc à elle, c’était les jeux de rôles. Elle se transformait tout le temps : vêtements, coiffure, attitudes, caractère... C’était pour Cédric, toutes les semaines, comme une toute nouvelle conquête. Tantôt la belle blonde diaphane, tantôt la bonne copine rigolote, tantôt la gothique glaciale, tantôt la gonzesse perverse et autoritaire… Pas besoin d’aller chercher ailleurs. Plus besoin de préservatifs. Parfois, elle inventait des scénarios, des contraintes fantaisistes : faisons l’amour comme si on était en apesanteur, faisons l’amour comme si on était deux femmes, faisons l’amour comme si ton nez était ta zone la plus érogène, faisons l’amour sans les mains, sans la bouche, sans se déshabiller… Elle était un peu cinglée, mais toujours pleine d’idées. Elle avait de plus un corps admirable, comme taillé dans l’albâtre, et constellé de grains de beauté. Un soir, ils avaient partagé une bouteille de Saint-Amour ; sa famille possédait quelques vignobles dans le Beaujolais. Margaux avait soudainement bondi sur lui, par-dessus la table, du vin coulant aux commissures. Faisons l'amour comme des vampires ! C’était sans nul doute l’une des meilleures suceuses qu’il ait connue. » |